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Le mot de Sophie Mougard directrice de l’École de 2017 à 2022

Sophie Mougard Directrice de l’École nationale des ponts et chaussées
Sophie Mougard
Directrice de l’École nationale des ponts et chaussées de 2017 à 2022

L’année 2021 a de nouveau été impactée par la crise sanitaire. Comment l’École des Ponts ParisTech a-t-elle géré la coexistence du présentiel et du distanciel ? Que retenez-vous de cette expérience pour l’établissement ?

L’année 2021 a nécessité une forte mobilisation et une grande agilité de la part de nos équipes pour s’adapter aux impacts de la crise liée au Covid-19. Dès 2020, nous nous étions équipés de matériels techniques, d’outils pédagogiques et de logiciels métiers performants pour permettre l’hybridation de nos enseignements entre présentiel et distanciel. En 2021, nous avons cherché en permanence à optimiser cette coexistence au bénéfice des étudiants, en ajustant nos capacités d’accueil aux possibilités autorisées et en les réservant en priorité aux élèves de 1re année.

Cette expérience a mis en évidence les apports du numérique mais aussi ancré la conviction que le présentiel est indispensable à une formation de qualité. L’enjeu de la transition de l’École des Ponts ParisTech vers une école du numérique est d’utiliser l’un et l’autre à bon escient, en fonction des enseignements dispensés et des pratiques pédagogiques.

Depuis toujours, l’École des Ponts ParisTech adresse les grands enjeux des époques qu’elle traverse. Comment aborde-t-elle aujourd’hui, dans ses formations, les questions de transition écologique et de développement durable ?

Le développement durable et la transition écologique sont au cœur de notre formation depuis plus d’une décennie. Nos ingénieurs acquièrent des compétences qui leur permettent d’appréhender et de gérer la dimension systémique, les différentes échelles et la complexité qui caractérisent ces sujets.

Les questions de développement durable diffusent dans tous nos enseignements, du tronc commun de 1re année jusqu’au projet de fin d’études. L’ensemble des cours du cursus ingénieur doit prendre en compte les enjeux de soutenabilité. Nous avons également mis en place, avec succès, des formations spécifiques qui répondent aux besoins de compétences des entreprises. C’est le cas du parcours sur la finance verte en 3e année du cycle ingénieur, du master Transition énergétique et territoires (TET) et, pour la formation continue, du mastère spécialisé® sur le management des projets d’énergie.

À l’international aussi, notamment en Espagne et au Maroc, les formations que nous développons intègrent les enjeux environnementaux et énergétiques, sur le modèle de notre mastère spécialisé® Politiques et actions publiques pour le développement durable. Notre savoir-faire en matière de formation des ingénieurs des Ponts, des Eaux et des Forêts nous a par ailleurs conduits, avec AgroParisTech et l’INET, à monter le module dédié à la transition écologique du tronc commun de la formation des hauts fonctionnaires de l’État portée par l’Institut national du service public, qui a remplacé l’ENA.

Au-delà de la formation et de la recherche, les questions de développement durable et de responsabilité sociétale traversent aujourd’hui toutes les activités de l’École. Cet engagement volontariste nous conduit à initier une démarche de labellisation DD&RS et à répondre favorablement aux attentes exprimées par les étudiants à travers l’accord de Grenoble issu de la COP 2 Étudiante.

Comment l’École des Ponts ParisTech contribue-t-elle à l’élaboration de réponses concrètes et adaptées aux problématiques spécifiques des entreprises ?

En plus de notre offre de formation initiale et continue, qui apporte aux entreprises les compétences dont elles ont besoin, nous les accompagnons dans la durée en matière de recherche et d’innovation via nos laboratoires. Nos chaires de recherche reposent sur un véritable partenariat entre l’École des Ponts ParisTech et les entreprises partenaires, avec un copilotage des travaux et des échanges continus afin d’assurer le meilleur résultat.

Nombre de nos chaires sont renouvelées régulièrement, preuve de la valeur ajoutée apportée par l’École. Je citerai par exemple le lab recherche environnement avec Vinci, sur la conception durable des ensembles bâtis et des infrastructures. Ou encore la chaire avec le ministère de la Transition écologique, autour de la modélisation prospective comme aide à la décision au service du développement durable. Nous venons également de signer une chaire avec la RATP sur les régulations de la ville de demain. Par ailleurs, nous avons diplômé nos premiers « nouveaux » docteurs des Ponts en 2021. Sensibilisés à la dimension internationale des problématiques et aux enjeux de la science ouverte, ces docteurs des Ponts sont aussi des docteurs « pour l’entreprise » qui mettront, pour nombre d’entre eux, leurs compétences au service de la recherche privée.

L’École des Ponts ParisTech est engagée dans le projet d’université européenne EELISA. Où en est-il aujourd’hui ? Quelles autres actions structurantes menez-vous à l’international ou en lien avec la dimension internationale de l’École ?

L’École des Ponts ParisTech est en effet membre de l’université européenne EELISA, un projet qui a été engagé avec succès malgré la pandémie. Après la mise en place des outils de gouvernance et de pilotage que sont le Governing Board, l’Executive Board, l’Academic and Scientific Board et l’EELISA Office, nous démarrons les premiers projets et les premières actions. Sur le volet de la recherche, le projet innoCORE permet aux établissements partenaires d’organiser, autour de leurs compétences, des communautés scientifiques qui associent les étudiants. Nous travaillons également sur le soutien à l’entrepreneuriat, sur un projet de carte européenne étudiante et sur la création d’un diplôme d’ingénieur européen. Ces échanges nous aident à mieux nous connaître et font naître des collaborations. Nous venons par exemple de déposer avec l’Université allemande FAU et d’autres partenaires un projet autour des « jumeaux numériques ».

La dimension internationale est historique à l’École et nous continuons d’innover pour la faire vivre avec nos partenaires d’excellence. Ainsi, avec l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny, en Côte d’Ivoire, et la Conférence des grandes écoles, nous avons noué un partenariat tripartite inédit : nous accompagnons l’établissement ivoirien dans la labellisation du mastère professionnel Transport et aménagement urbain qu’il opère avec notre appui, en vue de l’obtention de son statut de « grande école ». Nous souhaitons développer cette forme de partenariat avec d’autres établissements d’enseignement supérieur en Afrique.
Je tiens enfin à saluer les efforts déployés par l’ensemble des équipes de l’École des Ponts ParisTech durant la crise sanitaire pour accompagner nos élèves internationaux. Le label Qualité FLE, qui nous a été renouvelé pour quatre ans en 2021 avec la note maximale de 3 étoiles, est une reconnaissance du travail fourni au quotidien pour accueillir ces étudiants dans les meilleures conditions. Je note aussi la « résistance » de la mobilité à l’École qui a réussi, malgré les difficultés liées au Covid-19, à accueillir 70 élèves internationaux en 2021 et à en envoyer autant étudier à l’étranger.

L’École des Ponts ParisTech s’apprête à signer un contrat d’objectifs et de performance avec l’État. Quels en sont les grands axes ?

Notre objectif est avant tout de définir une stratégie claire et ambitieuse pour l’École, qui servira notre visibilité internationale, l’excellence de nos recrutements, de notre enseignement et de notre recherche. À ce titre, nous préparons l’intégration de notre établissement, à l’horizon mi-2023, au sein de l’Institut polytechnique de Paris (IP Paris), tout en consolidant les partenariats existants sur la cité Descartes, notamment avec l’Université Gustave Eiffel.

Plus largement, la démarche de contractualisation avec l’État nous permet d’affirmer et de préciser nos orientations stratégiques. La première d’entre elles est de former en plus grand nombre des ingénieurs parmi les meilleurs, au service de la transition écologique, énergétique et numérique, et tout au long de la vie. Notre ambition est aussi de renforcer toujours plus l’excellence de la recherche, de la formation à et par la recherche, et d’accroître la visibilité et le rayonnement de l’École des Ponts ParisTech à l’international. Nous veillons enfin à assurer un développement soutenable de l’établissement, avec une gestion humaine et performante. Pour tout cela, l’École peut compter sur ses équipes, qui sont ses meilleurs atouts et dont je salue l’engagement.

« L’année 2021 a nécessité une forte mobilisation et une grande agilité de la part de nos équipes, pour s’adapter aux impacts de la crise liée au Covid-19. »