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Parole de chercheuse : Nathalie Roseau

Ville-territoire et anthropocène

Nathalie Roseau, directrice de recherche au LATTS
Nathalie Roseau, directrice de recherche au LATTS

Depuis 250 ans, la forme et l’usage des villes ont été influencés par la marche en avant des techniques et par une série d’objets qui ont eu un impact à la fois pratique et symbolique, du chemin de fer à l’avion, du télégraphe à l’internet. Ces innovations technologiques sont le résultat d’un faisceau de découvertes, d’opportunités et de contextes. Toutefois, les techniques ne sont pas les seules maîtresses de leur destin. Encore faut-il que la collectivité les accepte et les diffuse. Si elles travaillent les territoires que nous habitons, leur évolution traduit la façon dont les sociétés s’en nourrissent. Ces processus complexes ne cessent de s’alimenter, plaçant les villes au cœur des enjeux critiques de l’anthropocène : écologie, numérisation, globalisation.

Au LATTS, nos recherches visent à expliciter les liens d’interdépendance entre les villes, les technologies et les sociétés. Mes travaux adoptent une perspective historienne, considérant que les dynamiques contemporaines héritent de processus qui ont transformé les villes et les territoires sur le temps long. Mes corpus de recherche portent sur des villes spécifiques (New York, Paris, Hong Kong), à l’échelle urbaine, métropolitaine, régionale. Derrière l’étude des savoirs urbains, des cultures professionnelles, des scènes politiques, des récits prospectifs, il s’agit d’approfondir la question du projet et de l’action, comme pensée du futur et processus collectif.

L’infrastructure est l’objet par lequel nous analysons la production de l’espace, entendue comme artefact matériel, dispositif socio-politique, système de représentations. En scrutant les conditions dans lesquelles se déploient les infrastructures de mobilité dans les grandes villes, ce prisme me conduit à rendre visible l’emprise spatiale et culturelle des techniques sur le temps long. Ce faisant, en donnant à voir ce que nos passés ont réalisé, il permet de rouvrir le champ des potentialités pour travailler les alternatives, envisager les leviers du changement, mettre au jour des pratiques de l’aménagement susceptibles de répondre aux défis du présent.